Comportement alimentaire et lipoedème

Selon l’UNESS, « le comportement alimentaire désigne l’ensemble des conduites d’un individu vis-à-vis de la consommation d’aliments ». Chez les personnes vivant avec un lipoedème, ce comportement est souvent façonné par des années de régimes, de restrictions, de culpabilité, de douleurs physiques et émotionnelles. Dans ce contexte, le comportement alimentaire est généralement synonyme d’anxiété, de pensées excessives envers la nourriture ou de peur plutôt que d’apaisement et de sérénité.

Avant même de « mieux manger » ou penser adopter une alimentation anti inflammatoire, il est essentiel de reconstruire les bases. Rien ne pourra être efficace ou durable si le comportement alimentaire n’est pas suffisamment solide. Un vrai challenge quand dans une société qui valorise le contrôle et minimise les émotions.

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Comprendre le comportement alimentaire dans le lipoedème

Régimes, frustrations et perte de repères

La majorité des femmes atteintes de lipoedème ont traversé des années de tentatives de perte de poids. Régimes, plans alimentaires, ketodiet, Weight Watcher, diététiciens ou coach perte de poids… Le point commun a toutes ces méthodes est le déficit calorique. Appliquer un déficit calorique de fafçon répétée ou intense impact profondément la qualité du comportement alimentaire. Ainsin, il n’est pas rare que le comportement alimentaire des femmes atteintes de lipoedème soit synonyme de restriction, de culpabilité alimentaire, d’anxiété et de perte de repères. 

La grossophobie intériorisée

Comme si le lipoedème ne suffisait pas, notre société prône la minceur à tout prix et dévalorise les personnes en surpoids — ou perçues comme telles. Or, une des manifestations princiaples du lipoèdème est l’apparition de nodules graisseux principalement au niveau des jambes et/ou des bras. Le corps malade ne correspondant pas aux normes sociétales, la personnes atteinte de lipoedème souffre d’insatisfaction corporelle chronique. En conséquence, cela crée une relation de méfiance avec son corps et ses signaux internes, pourtant essentiels.

L’absence de sécurité alimentaire

Manger sereinement suppose de ne pas avoir peur de manger, de savoir qu’on aura assez, régulièrement, et sans jugement. Le sentiment d’insécurité permanent vécu par les femmes atteintes de lipoedème en lien avec l’assiette, le poids ou le corps, vient perturber encore un peu plus la qualité de la régulation du comporement alimentaire. 

Reconnexion aux sensations : un chemin vers l’apaisement du lipoedème

Faim, satiété, confort : des signaux brouillés

La recherche de perte de poids, mêlée à l’insatisfaction corporelle amènent les femmes à se déconnecter de leurs sensations de faim.

Ignorer la faim, essayer de la masquer, de la retarder, se remplir de végétaux ou d’aliments à faible valeur calorique pour biaiser, accumuler le boulot ou les projet pour ne pas ressentir… Quand on a appris à lutter contre la nourriture, les signaux deviennent confus. Néanmoins, retrouver ces repères est possible. Cela demande de se laisser du temps, de faire preuve de régularité, et de créer un environnement sécurisé et adapté.

Le rythme alimentaire comme point de départ

Notre corps aime la routine et la prévisibilité. Peut-être que ce n’est pas ton cas, mais c’est comme cela. Manger à heures régulières, avec des repas complets et rassasiants, permet au corps de retrouver une stabilité ET une sécurité. Il anticipe quand la prise alimentaire va arriver et sait qu’il ne va pas être privé. C’est en installant cette routine qu’il redevient possible de refaire connaissance avec nos sensations alimentaires. 

Laisser de côté la restriction pour avancer

Mais cela ne suffit pas. Des années de lutte contre le lipoedème imprègne également notre fonctionnement cognotif. C’est à dire l’ensemble des comportements qui sont mis en place lors de nos repas. Cela comprend les règles alimentaires, les potentiels interdits, la gestion des excès et toutes les tentatives de contrôle qui seront mis en place dans l’objectif de maîtriser le poids.  Tant que le mental dicte ce qu’il « faudrait » manger — au lieu d’écouter ce que le corps réclame — le lien corps/nourriture reste déséquilibré. Pour reprendre le pouvoir sur le lipoedème, il est essentiel d’abandonner les injonctions diététiques strictes au profit de règles alimentaires flexibles et à l’écoute du corps et de l’esprit.

Et les émotions dans tout ça ?

Manger ses émotions : une stratégie de survie

Dans une société qui invisibilise les émotions, manger devient parfois le seul moyen de se réconforter ou d’échapper à l’inconfort psychique. Ce n’est pas un échec, c’est un signal. Dans les cas de lipoedème, il n’est pas rare qu’une gestion inefficace des émotions vienne se surajouter au comportement alimentaire déjà dérégulé par les années de tentatives de perte de poids.

Dans certains cas, la rapport à l’assiette devient tellement problématique que la personne développe un trouble de la conduite alimentaire TCA. Les TCA sont fréquents dans la population atteinte de lipoedème. 

🔗 Article de la Haute Autorité de Santé sur les troubles du comportement alimentaire

Apprendre à identifier, accueillir, réguler

Autant il est important de réguler le comportement alimentaire d’essayer d’instaurer n’importe quel changement alimentaire, autant travailler sa gestion émotionnelle peut parfois être également nécessaire. Un accompagnement pluridisciplinaire est essentiel auprès d »un psychologue (depréférence formé aux thérapies ACT), d’un diététicien formé au comportement alimentaire, et parfois d’un psychiatre. Cela demande des outils, du temps, et des compétences spécifiques.

Une base essentielle pour des changements durables

Tant que les émotions ne sont pas prises en compte, toute démarche alimentaire reste instable. C’est en se sentant émotionnellement conncectée et en sécurité que les nouvelles habitudes prennent racine.

Améliorer le lipoedème ne commence ni par un régime, ni par des interdits, ni par une alimentation anti inflammatoire ou n’importe quel modèle alimentaire qui serait présenté comme bénéfique.

Améliorer durablement le lipoedème passe par un processus de reconstruction en profondeur : se nourrir suffisamment, régulièrement, sereinement. Apprendre à écouter son corps, à accueillir ses émotions, c’est déjà reprendre le pouvoir en créant une base solide pour construire n’importe quel changement alimentaire de façon efficace et durable. 

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