Peu de personnes du grand public et peu de médecins connaissent le lipoedème. Cette maladie étant peu médiatisée, je profite de la diffusion d’un interview sur ce sujet pour faire le point sur la prise en charge du lipoedème. Le Dr Vignes, chef de Service de Lymphologie de l’hôpital Cognacq-Jay à Paris, répond à toutes les questions en lien avec l’accompagnement médical du lipoedème.

Interview sur le lipoedème
Le lipoedème, des femmes en souffrance, disponible sur YouTube

Vous pouvez visionner cette interview sur YouTube en 2020, page « Fréquence Médicale », émissions inédites sur la santé à destination des médecins et des patients. Il s’intitule « Le Lipoedème, des femmes en souffrance » (lien en bas de ma publication). L’objectif de ce reportage est la médiatisation de la maladie auprès des médecins afin qu’elle soit mieux diagnostiquée. Pour rappel, en 2021, cette maladie n’est toujours pas prise en charge par la Sécurité Sociale en France. Maladie étant pourtant reconnue par l’OMS depuis de nombreuses années.

1. Ce que le Dr Vigne nous explique au sujet du lipoedème

Par le biais de cette interview, le Dr Vignes explore le lipoedème : explications, diagnostic, étiologies possibles (causes), prise en charge médicale et paramédicale, remboursement, voie chirurgicale…

Dans ce premier paragraphe, je vous récapitule les principales informations que l’on retrouve dans cette interview. Je donnerai ensuite mon point de vue plus tard dans cet article. Je tiens à préciser que vous ne trouverez pas mon avis professionnel sur cette première partie. Il s’agit simplement des dires du Dr Vignes.

Pour rappel, je suis Aurélie, diététicienne et j’accompagne de nombreuses femmes touchées par cette maladie pour toutes les problématiques en lien avec le poids, l’image du corps et le comportement alimentaire. Pour en savoir plus sur moi, cliquez ici.

Définition du lipoedème

Le Dr Vignes insiste sur le fait que le lipoedème soit une maladie peu connue.

« Véritable maladie chronique, une répartition anormale du tissu adipeux, également pathologique, allant des hanches jusqu’aux chevilles », « jambes en poteaux », « culotte de cheval », « pathologie quasi-exclusivement féminine ».

Le Dr Vigne estime que cette maladie touche aujourd’hui 1 femme sur 10 à 1 femme sur 20. Face à ce constat, la suite de l’interview se fera au féminin pour plus d’équité (je présume).

Le Dr Vignes ne donne aucune réelle définition précise du lipoedème à travers cette vidéo. Et c’est bien dommage. Comment améliorer la prise en charge du lipoedème si on ne donne pas une définition précise de la maladie. Mais rien ne presse, on découvre par la suite les critères qui permettent d’établir un diagnostic médical.

Les critères pour diagnostiquer

La douleur atypique

Selon le Dr Vignes, s’il n’y a pas de douleur, il n’y a pas de lipoedème. L’inconfort typique du lipoedème comprend les douleurs au toucher, aux frottements des vêtements, ou une hypersensibilité cutanée. Selon lui, la base du lipoedème est la douleur ou les troubles de la sensibilité cutanée

Œdèmes ou pas d’œdème ?!

Le Dr Vignes fait parti de la team « pas d’œdème dans le lipoedème ». Le contre-sens viendrait d’un problème de traduction du mot anglais lipoedema. Il fait d’ailleurs le parallèle entre le lymphœdème, où il y a accumulation de liquide et donc d’œdème, et le lipoedème, où il s’agit d’accumulation de graisses malades. On reviendra plus tard sur la différence entre ces 2 maladies et pourquoi les médecins se trompent de diagnostic trop souvent.

Hématomes spontanés

Le Dr Vignes évoque la présence d’hématomes « non expliqués ». Les femmes atteintes de lipoedème relatent la présence de « bleus » fréquents sur les jambes, sans choc préalable. Ce médecin ne nous donne pas d’indication sur ce phénomène mystérieux.

Ne pas confondre avec du lymphoedème

Actuellement, la plupart des personnes qui consultent un médecin à cause de leurs jambes douloureuses et inesthétiques se font diagnostiquer un lymphœdème. Erreurs fréquentes de la part des médecins, le Dr Vignes apporte quelques pistes qui permettent de faire la différence entre un lipoedème et un lymphœdème.

  • Lymphœdème : gonflements unilatéraux, présence d’une insuffisance lymphatique primaire ou secondaire qui engendre une accumulation de liquide dans la jambe, présence de fibrose, extrémités gonflées.
  • Lipoedème : gonflement bilatéral. Dans les stades initiaux le système lymphatique est fonctionnel. Il n’y a aucune atteinte des extrémités.

L’étiologie, ou les causes du lipoedème

Terrain familial

Le chef de service évoque une maladie à prédominance familiale. On retrouve régulièrement une mère, une tante ou une sœur atteinte quand on diagnostique une patiente.

Poids

Pour le Dr Vignes, l’apparition ou l’aggravation d’un lipoedème relève quasi-exclusivement d’une prise de poids sur un terrain familial propice. Selon lui, il est primordial de faire en sorte de stabiliser le poids de la patiente pour éviter l’évolution de la maladie.

Prise en charge et thérapeutiques

L’exercice physique

lipoedème et sport

Comme dans de nombreuses pathologies chroniques, pratiquer une activité physique permet de limiter l’évolution de ladite maladie. Et le lipoedème n’est pas une maladie à part. Se dépenser oui, de préférence dans l’eau.

Petit clin d’œil au présentateur pour sa remarque pleine de bon sens : comment se dénuder et se mettre en maillot de bain quand on vit avec les complexes liés à l’esthétisme d’un lipoedème… Difficile. Le médecin ne se laisse pas démonter en proposant la mise en place de groupes de patientes atteintes de lipoedème pour limiter l’angoisse du maillot et diminuer l’impact du regard de l’autre.

La gestion du poids

Le Dr Vignes insiste sur l’inefficacité des conseils liés à la perte de poids face aux personnes touchées par cette maladie. Donc pas de perte de poids. Mais on ne laisse pas le poids de côté pour autant. Il insiste sur le fait qu’il soit important d’éviter absolument la prise de poids pour limiter la progression des symptômes. Donc pas de perte de poids indiquée mais seulement une stabilisation.

Le port d’une compression

Le port quotidien d’un collant de compression classe 2 ou 3 en fonction de la tolérance est indiquée. Mais il explique que le port d’un vêtement compressif peut être difficile à cause des douleurs qui peuvent être exacerbées.

Le Dr Vignes indique qu’il s’agit d’une des seule prescriptions remboursées par la Sécurité Sociale aujourd’hui.

Lutte contre la douleur

Plusieurs techniques vont réduire la douleur quotidienne : les sports aquatiques, le port d’une compression médicale, certains antalgiques ponctuels, une bonne hydratation de la peau, la pressothérapie…

Le présentateur pointe à plusieurs reprises le soucis du non-remboursement de tous ces frais permettant d’améliorer la qualité de vie des patients (crèmes hydratantes, psychologues, totalité des frais de contention, sport). Il y a celles qui ont la possibilité de prendre soin de leur lipoedème ou celles qui ne peuvent pas.

« Qu’est-ce qui est remboursé la dedans ? Pas grand-chose… »

Pressothérapie et endermologie

La pressothérapie peut être indiquée pour désengorger les tissus. Pour améliorer l’aspect esthétique, le Dr Vignes fait la promotion du celluM6 (sans citer la marque mais il y en a pas plusieurs). C’est d’ailleurs le moment où il explique la différence entre cellulite et lipoedème. Si il n’y a pas de douleur, il s’agit sûrement de cellulite selon lui.

Former les professionnels de Santé

Le fait que cette maladie soit peu connue amène les médecins et autres professionnels de Santé a catalogué les patientes atteintes de lipoedème dans la catégorie « surpoids et obésité ». Sauf que la lipoedème n’est pas une affaire de poids en trop. Manger moins et faire du sport, recommandation moyennement entendable en règle général, n’est d’aucune utilité face à une personne atteinte de lipoedème. Si ce n’est l’ajout d’une stigmatisation déjà bien présente au quotidien.

Autre problématique liée à la méconnaissance du lipoedème : le diagnostic tardif. Repousser le diagnostic c’est augmenter le risque de pathologies articulaire, de perte de mobilité, d’infection et d’aggravation du lipoedème au niveau douleur et esthétisme.

Evolution de la maladie

Le Dr Vignes souligne l’importance d’éviter la prise de poids pour éviter la progression du lipoedème.

Quand le lipoedème évolue, les jambes peuvent présenter des infections dues à l’installation d’un lymphœdème secondaire. Les liquides stagnent, le passage du sang vers la peau est de plus en plus dégradé, ce qui conduit à des plaies chroniques qui peuvent s’installer. Ses plaies peuvent s’infecter.

Comme il l’indique au fur et à mesure de cet interview, la mobilité peut être impactée par la place que prennent les jambes, leurs poids, les douleurs. Ajouté à cela, le poids pèse sur les articulations qui trinquent et dégénèrent plus rapidement.

Le médecin évoque la nécessité d’un réseau pour la prise en charge du lipoedème. Mais il ne cite pas les acteurs potentiels de ce réseau qui n’existe pas encore. Quoique…

La chirurgie au service du lipoedème

chirurgie et lipoedème

Sur la fin de son intervention, le Dr Vignes évoque la lipoaspiration comme méthode chirurgicale dans le traitement du lipoedème. Il insiste sur le fait que la ou les interventions sont très lourde, la convalescence longue, les tarifs onéreux (surtout que parfois il fait 3 à 4 interventions successives). Pour lui, la chirurgie est une méthode libératrice mais pas magique. Le lipoedème peut récidiver si l’hygiène de vie n’est pas respectée.

Les interventions doivent être réalisées par un chirurgien compétent et spécialisé dans le lipoedème. Il cite un confrère dans l’Union Européenne, mais il y en a d’autres. Il conseille surtout d’éviter d’aller voir n’importe quel chirurgien esthétique qui pourrait aggraver la situation.

2. Décryptage de l’interview, je donne mon avis

Et voici mon avis, mes commentaires, ma vision du lipoedème…

Définition du lipoedème

Aucune définition claire n’est donnée. Il me semble important de vous apporter une réelle définition du lipoedème, afin de partir sur de bonnes bases.

« Le lipœdème est une maladie chronique et évolutive qui implique un dépôt anormal de tissu adipeux sous la peau, provoquant une augmentation disproportionnée et progressive du volume des jambes et, dans certains cas, des bras aussi. Il touche presque exclusivement les femmes, le plus souvent entre 15 et 30 ans, bien qu’elle puisse se présenter après une grossesse ou même la ménopause. Le lipoedème est souvent associé à des symptômes extrêmement invalidants, tels qu’une propension aux hématomes, une douleur modérée à sévère, ainsi qu’une fatigue, une lourdeur et un inconfort aux jambes. »

Définition du CHUV (Centre des malformations et maladies vasculaires rares)

Les études montrent une incidence (nombre de personnes malades) d’une femme sur 10 en âge de procréer dans nos pays limitrophes (en Italie et en Espagne). Il existe peu d’études sur le sujet en France, la maladie n’étant pas reconnue. Mais il y a fort à parier que l’incidence soit la même en France que dans ces pays, soit 2 900 000 femmes en France touchées par le lipoedème. Maladie peu connue, peu diagnostiquée, mais qui touche énormément de personnes. Et pas que des femmes. Les hommes aussi peuvent être concernés (1%).

Le rôle de nos gènes

La recherche scientifique a mis le doigt sur 11 locus génétiques présents chez les personnes atteintes de lipoedème. On comprend mieux pourquoi il existe plusieurs femmes atteintes au sein d’une même famille, sur plusieurs générations. Mais ce n’est pas parce qu’on porte les gènes mutés que nos enfants les porteront également. Faire un enfant c’est de la loterie génétique. On ne sait pas ce qu’on va transmettre. De plus, ce n’est pas parce qu’on porte un gène muté qu’on déclare ladite maladie. Les joies de l’épigénétique !

Douleur ou pas douleur ?!

Dans la grande majorité des cas, les femmes atteintes de lipoedème se plaignent de douleurs atypiques. Leurs jambes lancent, sont lourdes, il existe une hypersensibilité à la palpation ou au toucher, plus ou moins intense selon les femmes. Néanmoins, une petite proportion de femmes n’évoque pas de douleur.

Ce qu’il faut savoir :

  • Il existe une tolérance à la douleur. A force de vivre avec les douleurs, certaines personnes n’y font même plus attention. Les douleurs sont intégrées dans le quotidien. Quand on leur demande si elles ont mal, elles répondent négativement. Dans ce cas-là, l’évaluation de la douleur peut-être biaisée.
  • Et surtout, il faut noter les résultats d’une équipe de recherche italienne qui a mis le doigt sur une mutation génétique (en plus des 11 gènes déjà trouvé en lien avec le lipoedème) responsable d’un lipoedème non syndromique. En bref, un lipoedème non douloureux.

Donc oui on peut avoir un lipoedème et ne pas avoir de douleur. D’ailleurs, si le sujet vous intéresse, vous trouverez en fin de publication un lien pour accéder à un article du site lipolab.fr.

Un discours grossophobe malgré lui

Je remercie grandement ce médecin d’avoir mis sur le tapis le lipoedème et ses problématiques. C’est avec ce genre d’actions que la maladie se fera connaître et qu’il y aura peut-être un jour une reconnaissance médicale voire une prise en charge. Le Dr Vignes insiste sur le fait que la perte de poids ne soit pas préconisée. Seule la stabilité est essentielle. Même si ce message se veut déculpabilisant et rassurant, c’est l’exact contraire qui se produit.

On s’adresse à des femmes qui enchaînent les régimes (ou ont enchaîné) dans l’espoir secret (ou non) de perdre du poids et donc de la circonférence de jambes. Leur rapport à l’alimentation est souvent dégradé et avoir un poids stable est tout aussi difficile que d’avoir un poids qui descend. La plupart ne connaissent que l’effet-yoyo ou maintiennent leur poids au prix d’un sacrifice inhumain.

L’injonction d’avoir un poids stable au risque de dégrader consciemment son lipoedème est alors tout aussi difficile et stressant que de perdre du poids. C’est la pression assurée !

poids et lipoedème

SI TU PRENDS DU POIDS, TES JAMBES SERONT DE PLUS EN PLUS MOCHE !!!!! Tu le sais maintenant ! Donc si tu prends du poids, ca sera TA FAUTE ! JE TE L’AVAIS BIEN DIT

Voilà ce qu’induit ce type de discours kilo-centré. De la pression, de la culpabilisation et des actions qui mèneront inévitablement vers une variation pondérale.

Je pense qu’informer sur le lien entre la prise de poids et la possible aggravation du lipoedème est nécessaire. Mais, arrêtons de nous focaliser sur le poids. Le corps médical et soignant fait d’énormes dégâts en évoquant systématiquement le poids d’une personne. Individu normo-pondéral, en surpoids, obèse, maigre… focalisons nos discours sur la santé, sur un corps qui fonctionne et qui s’épanouit, qui vit.

Ce que le Dr Vignes ne nous dit pas

Rôle des hormones dans la fluctuation du lipoedème

Aujourd’hui, on sait qu’on augmente possiblement le risque d’aggraver son lipoedème à chaque prise de poids, mais on sait surtout que cette maladie évolue sous l’influence hormonale féminine. Donc à chaque variation hormonale (puberté, pilule, hormones, FIV, grossesses, allaitement, post partum, ménopause, stress intense…) le risque de développer le lipoedème est majoré.

La prise de poids est un facteur à ne pas négliger, mais tout ne tourne pas autour du poids dans un lipoedème. Faire en sorte de proposer aux femmes atteintes de lipœdème la possibilité de gérer au mieux leurs fluctuations hormonales (proposer des alternatives à la pilule et à la contraception hormonale, veiller à l’équilibre hormonal par hygiène de vie, phytothérapie et aromathérapie…).

Discussion autour de la présence d’œdème dans le lipœdème

Ce que ce médecin ne dit pas, c’est qu’il n’existe aujourd’hui aucun consensus médical sur la présence ou non d’œdème dans le lipoedème. Certains médecins affirment la présence d’œdème et donc la nécessité d’un drainage lymphatique manuel (DLM) pour désengorger les tissus, d’autres médecins réfutent cette hypothèse et ne voient donc aucun intérêt pour le drainage.

Pour en savoir plus, je vous propose un lien à la fin de l’article qui vous permettra d’en savoir plus sur le sujet.

Plutôt que de donner son avis non éclairé, Je pense que le docteur vignes aurait dû détailler l’absence de consensus actuel plutôt que de donner son propre avis et de faire un raccourci. Pour rappel, des médecins regardent cette interview et il est nécessaire de connaître les tenants et les aboutissants afin qu’il puisse agir efficacement et selon leurs propres convictions.

Faire la distinction entre lymphœdème et lipœdème

Pour écarter le diagnostic du lymphœdème, en plus de l’examen visuel, ou en cas de doute, il existe quelques examens complémentaires que le médecin peut prescrire :

  • L’écho Doppler, qui permet d’une part, de rechercher une éventuelle insuffisance veineuse, et d’une autre part, et d’une autre part, d’estimer l’épaisseur de la graisse sous-cutanée.
  • La lympho-scintigraphie, permet d’estimer la vitesse de circulation du liquide lymphatique dans les membres inférieurs.

Hématomes qui s’expliquent

Il existe aujourd’hui une théorie qui expliquerait la présence d’hématomes au niveau des membres inférieurs. La compression graisseuse tout autour de la jambe comprime le réseau veineux, et rend la perfusion des tissus cutanés difficiles. Le corps s’adaptant, il crée un réseau veineux secondaire fin et fragile permettant d’apporter le sang jusqu’au jusqu’aux dernières couches cutanées. Ce réseau secondaire n’existe pas chez les personnes atteintes de lipœdème. Ce réseau sanguin délicat et fragile serait donc susceptible d’occasionner des hématomes spontanés.

Participer activement à la reconnaissance de la maladie en France

La médiatisation autour du lipœdème est encore très rare. Un grand merci à ce médecin de participer à son échelle à l’information auprès du corps médical et des patients.
Mais les combats ne se font jamais seul. Et ce que le Docteur Vignes oublie de préciser, c’est qu’il existe aujourd’hui une association qui essaye de faire avancer les choses dans ce domaine. Cette association s’appelle l’Association Maladie du Lipœdème France AMLF.

Ainsi, face à sa proposition intéressante de constituer des groupes de patientes atteintes de lipœdème pour réduire l’impact des regards extérieurs et la stigmatisation, encore faudrait-il que la maladie soit reconnue en France. Il s’agit donc d’une bonne idée sur le principe, mais elle est impossible à mettre en application.

D’ailleurs, je précise que l’association recherche ardemment des personnes du corps médical qui souhaiteraient batailler à leurs côtés dans la reconnaissance du lipœdème en France. A bon entendeur…

Je précise tout de même que la reconnaissance de cette maladie permettrait d’offrir aux personnes atteintes de lipœdème une prise en charge de qualité, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Des professionnels compétents

Aujourd’hui, une femme atteinte de lipœdème se retrouve seule face à sa maladie. Voilà ce que véhicule cette vidéo. Si cette personne a de la chance, son médecin généraliste sera de son côté, mais c’est très loin d’être le cas en règle générale.
Mais la réalité est toute autre, il existe aujourd’hui des professionnels de santé qui connaissent la maladie et qui savent comment améliorer le confort et le quotidien des personnes atteintes.
Le docteur Vignes affirme que les kinésithérapeutes ne sont pas essentiels dans la prise en charge de cette maladie. Or, celui-ci vante les mérites de la pressothérapie et du celluM6 pour désengorger les tissus. Pour accéder à ces méthodes, il faut se rapprocher d’un kiné.

Je trouve dommage que les professionnels de santé soient écartés du discours du Docteur Vignes à travers cette interview. Un parcours de soins optimal se doit d’utiliser toutes les ressources disponibles. Ainsi, en plus du médecin généraliste, de l’angiologue, du psychologue évoqué durant ce reportage, il ne faut pas oublier les kinés, les diététiciens, les ergothérapeutes, les podologues…Il faut sortir de cette vision médico-centrée, et remettre le patient au centre d’une prise en charge globale, complète, efficace.

Cellulite et lipoedème, quelle différence ?

J’ai fait un énorme bond sur ma chaise face à cette explication quelque peu maladroite. Selon le Dr Vignes, s’il n’y a pas de douleur, il s’agit de cellulite. Que répondre à cela ???

Alors il y a de la cellulite dans le lipoedème, c’est d’ailleurs le problème majeur au niveau esthétique. Et juste pour info, la cellulite simple est un état d’inflammation des cellules graisseuses. Pär définition, il y a inflammation dès qu’un terme se termine par -ite. Bronchite, salpingite, spondylarthrite, endométrite, rhinite…

De plus, la cellulite, hors lipoedème, peut être douloureuse. J’ai une amie qui a UN SOUPCON de cellulite, aucun lipoedème et qui me dit que ça lui fait mal à l’approche des règles et les lendemains d’une bonne cuite.

En vrai, la cellulite, c’est normal pour toutes les femmes, à plus ou moins grande ampleur. C’est inesthétique (selon les critères actuels de la beauté), il y a de l’inflammation locale, et ça peut être douloureux. Le lipoedème est une maladie qui comporte un état de cellulite au niveau des membres touchées. Il n’y a aucune comparaison possible. C’est comme si on comparaît des douleurs de cycle menstruel ET l’endométriose.

Comment discerner l’un de l’autre ? En faisant le récapitulatif des différents signes cliniques évoqués plus tôt, et en allant ensuite chez un médecin angiologue compétent pour se faire diagnostiquer.

Pour conclure

Une médiatisation nécessaire

parler du lipoedème

C’est grâce à ce genre de médiatisation que le lipoedème fait parler de lui aujourd’hui. De nos jours, on entend parler du lipoedème sur les réseaux sociaux, sur Internet, par le biais d’interview à la TV… Cette diffusion est nécessaire, et elle a davantage de poids quand elle est proposée par un médecin. Encore plus par un chef de service en lymphologie. Cette intervention apporte de la crédibilité à cette maladie bien souvent méprisée par le corps médical.

Ainsi, je remercie le Dr Vignes de participer à son échelle à la reconnaissance du lipoedème en France.

Le poids, rien que le poids…

Mais je déplore le discours encore trop orienté sur le poids. Encore une fois, mettre toute la focalisation sur le poids est contre productif et faux. Même si on sait que la prise de poids joue un rôle significatif dans l’aggravation du lipoedème. Il y a des femmes paniquées à l’idée d’une grossesse où on n’a pas d’autres choix que de prendre du poids. On peut tout à fait contrôler un lipoedème pendant une grossesse. On peut tout à fait contrôler un lipoedème face à des variations de poids. Donc oui, le meilleur choix reste la stabilité pondéral, mais ce n’est pas toujours possible. On ne peut pas tout contrôler. La meilleure stratégie repose sur une hygiène de vie adaptée et la bonne santé hormonale tout au long de la vie.

La certitude limite la prise en charge de la maladie en France

Je suis catastrophée par son discours rempli de certitudes. Pas de kiné spécialisé, pas d’œdème dans le lipoedème, obligation d’associer douleur et lipoedème. Le discours se veut catégorique sur des faits pour lesquels il n’existe aucun consensus à l’heure actuelle. Je ne dis pas qu’on ne doit pas se positionner, je dis qu’il est bon de montrer toutes les cartes du jeu quand on souhaite donner une information transparente.

Malheureusement, je constate qu’on se confronte encore et toujours à la grande certitude du corps médical. Mais à cause de cette certitude, on n’avance pas, on reste dans l’errance !

Combien de médecins aujourd’hui constituent des remparts face au diagnostic du lipoedème ? Un paquet ! Ce n’est pas qu’ils sont mauvais. La principale raison est qu’ils sont englués dans un formatage qui les empêchent d’actualiser leurs connaissances, de découvrir de nouvelles approches, de nouvelles connaissances.

Jamais entendu parlé de lipoedème ? Donc ça n’existe pas ! C’est ça le quotidien des personnes atteintes de lipoedème aujourd’hui.

Quand on a des certitudes et qu’on ne sait pas que ça existe, on dit que ça n’existe pas !

Alors sachez qu’il existe des kinés qui connaissent très bien le lipoedème et qui proposent des prises en charge adaptées et efficaces. Il y en a peu, mais il y en a. Tout comme il existe au moins un spécialiste du lipoedème dans le domaine de la nutrition car j’existe et je me suis spécialisée dans cet accompagnement.

Pour limiter le lipoedème, améliorons l’hygiène de vie globale

Et d’ailleurs, face à cette certitude, le Dr Vignes affirme que l’alimentation ne joue aucun rôle favorable face à un lipoedème. Sachez qu’une alimentation adaptée participe activement à l’amélioration du quotidien de nombreuses femmes malades et permet de limiter la progression du lipoedème. Une alimentation riche en micronutriments, issues de produits bruts peu transformés, riches en oméga 3 et en fibres, pauvre en sucres raffinés et en produits phytosanitaires et cosmétiques, permet d’impacter positivement le lipoedème. Au mieux, on peut améliorer l’esthétisme de la peau, les douleurs, les œdèmes, les inconforts articulaires, cutanés. On augmente les possibilités physiques, on améliore l’estime de soi, et le bien-être psychologique. Certaines réussissent même à stabiliser leur poids, ce n’est pas merveilleux ?

La certitude fait dire que ça n’existe pas ! Un trop-plein de certitude peut annihiler les efforts déployés dans la mise en place de cette vidéo pour médiatiser et faire connaître la maladie. C’est bien dommage !

Introduisons de la nuance et restons l’esprit ouvert et curieux pour continuer à avancer et gagner notre combat pour la reconnaissance du lipoedème en France !

Faire connaître le lipoedème et faire avancer la prise en charge en France

Si vous souhaitez participer à votre hauteur à la reconnaissance du lipoedème en France, adhérez à l’association Maladie du Lipoedème France en cliquant ici.

Articles complémentaires externes:

Le lipoedème, des femmes en souffrance – YouTube

Un premier gène découvert dans le lipœdème non syndromique. – Lipolab

Y a t’il un œdème dans le lipœdème ? – Lipolab

Pour en savoir plus sur la prise en charge diététique et sur le lipoedème, voici d’autres articles disponibles sur mon blog